La récession de 2008 a laissé une empreinte durable sur l’économie mondiale, provoquant des faillites massives, des pertes d’emplois et une chute vertigineuse des marchés financiers. Pourtant, certains secteurs ont non seulement résisté à cette tempête économique mais ont également prospéré. Comprendre pourquoi et comment ces secteurs ont performé peut offrir des leçons précieuses pour se préparer à une éventuelle récession en 2024.
Secteurs Qui Ont Résisté à la Récession
Secteur de la Santé
Le secteur de la santé est souvent considéré comme résilient en période de récession. Les services de santé sont essentiels, et la demande pour les produits pharmaceutiques et les soins médicaux ne diminue pas, même en temps de crise. Pendant la récession de 2008, des entreprises comme Novo Nordisk et Johnson & Johnson ont non seulement survécu mais ont également affiché des performances solides grâce à leur capacité à innover et à répondre aux besoins constants en soins
Novo Nordisk, par exemple, a continué de croître grâce à ses traitements innovants pour le diabète, une maladie chronique dont le traitement ne peut être retardé même en période de difficulté économique. De même, Johnson & Johnson a bénéficié de la diversité de ses produits, allant des dispositifs médicaux aux produits pharmaceutiques et de soins personnels, ce qui lui a permis de maintenir des revenus stables
Cependant, tous les géants de l’industrie pharmaceutique n’ont pas eu la même résilience. Des entreprises comme Sanofi, Bristol-Myers Squibb et Eli Lilly ont vu leurs cours boursiers chuter fortement lors de la crise de 2008. Ces baisses peuvent être attribuées à divers facteurs, tels que des pertes sur les brevets de médicaments clés, des défis réglementaires, ou des restructurations coûteuses.
Consommation de Base
Les entreprises de biens de consommation de base, qui vendent des produits essentiels tels que les aliments, les boissons et les produits ménagers, ont également bien résisté durant la récession de 2008. Des sociétés comme Unilever, Coca-Cola et General Mills ont continué à enregistrer des ventes stables car les consommateurs continuent d’acheter des produits de première nécessité, indépendamment de la situation économique. Les produits de base tels que les produits alimentaires, les boissons et les articles ménagers restent des achats prioritaires, même en période de crise.
Unilever, par exemple, a su maintenir ses ventes grâce à sa large gamme de produits de consommation courante, allant des produits alimentaires aux articles de soins personnels. De même, Coca-Cola, avec sa présence mondiale et son portefeuille de boissons diversifié, a réussi à stabiliser ses revenus malgré les turbulences économiques. General Mills, connu pour ses produits alimentaires de base, a également bénéficié de la demande constante pour ses céréales, snacks et autres produits alimentaires essentiels.
En revanche, certaines entreprises de ce secteur n’ont pas montré la même résistance. Pepsico, malgré sa forte présence sur le marché des boissons et des snacks, a éprouvé des difficultés, tout comme Danone, spécialiste des produits laitiers et des eaux en bouteille. Kellogg’s (maintenant Kellanova), connu pour ses céréales et ses snacks, a également été affecté par la récession, enregistrant une baisse de ses performances financières. Ces variations montrent que même au sein du secteur des biens de consommation de base, la capacité à résister à une récession peut varier considérablement en fonction des stratégies d’entreprise et des dynamiques de marché spécifiques.
Secteur du Luxe
Le secteur du luxe, contrairement à ce que l’on pourrait penser, peut également montrer une certaine résilience en période de récession. Bien que les produits de luxe ne soient pas des biens essentiels, ce marché est souvent soutenu par une clientèle aisée qui reste relativement épargnée par les fluctuations économiques.
Cependant, tous les acteurs du secteur n’ont pas performé de la même manière durant la récession de 2008. Hermès, par exemple, a réussi à maintenir ses ventes et à afficher des résultats solides, grâce à la forte demande pour ses produits emblématiques comme les sacs Birkin et Kelly, connus pour leur valeur de revente élevée et leur rareté. Hermès a su capitaliser sur sa réputation de qualité et d’exclusivité, ce qui a permis à la marque de traverser la crise sans trop de heurts.
En revanche, d’autres grandes marques de luxe comme LVMH ont connu des difficultés en Bourse. LVMH, qui possède des marques telles que Louis Vuitton, Dior et Moët & Chandon, a vu son cours baisser. Même chose pour L’Oréal, Interparfums, Compagnie Financiere Richemont et Kering.
Secteur GAFAM et Technologie de l’Information
Le secteur de la technologie de l’information, et plus spécifiquement les entreprises du groupe GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), ont montré des performances variées pendant la récession de 2008. Parmi ces géants, certaines entreprises ont réussi à maintenir, voire à augmenter, la valeur de leurs actions, tandis que d’autres ont été affectées négativement par la crise.
Durant la période de 2007 à 2009, Apple, Amazon et Oracle ont enregistré des performances boursières positives. Apple, avec son innovation continue et la popularité croissante de ses produits comme l’iPhone et le MacBook, a vu ses actions progresser même en période de crise. De même, Amazon a bénéficié de la croissance du commerce électronique, attirant de plus en plus de consommateurs cherchant des alternatives en ligne pour leurs achats. Oracle, avec sa forte position dans le secteur des logiciels et des services informatiques pour entreprises, a également réussi à naviguer à travers la récession sans subir de pertes significatives
En revanche, Microsoft n’a pas eu autant de succès. Microsoft, malgré sa dominance dans le secteur des logiciels, a également vu ses ventes ralentir, principalement en raison de la diminution des dépenses des entreprises et des consommateurs en matière de technologie pendant la récession.
Ces variations au sein du secteur GAFAM illustrent que même parmi les plus grandes entreprises technologiques, la capacité à résister à une crise économique dépend fortement du modèle d’affaires et de la demande pour leurs produits et services spécifiques. Pour les investisseurs se préparant à une éventuelle récession en 2024, il est crucial de sélectionner des entreprises technologiquement innovantes et diversifiées, capables de s’adapter et de prospérer même en périodes économiques difficiles.
Secteur de l’Énergie
Le secteur de l’énergie, et plus particulièrement les compagnies pétrolières, ont montré des performances variées lors de la récession de 2008. Les entreprises pétrolières, étant fortement dépendantes des prix du pétrole brut, ont été durement touchées par la crise économique qui a entraîné une baisse significative de la demande énergétique mondiale.
Pendant la période de 2007 à 2009, les prix du pétrole ont connu une volatilité extrême. En juillet 2008, le prix du baril de pétrole a atteint un sommet historique de 147 dollars avant de chuter brusquement à environ 30 dollars à la fin de l’année, reflétant la diminution de la demande due à la récession mondiale.
Cette chute des prix a eu un impact sévère sur les revenus et les bénéfices des compagnies pétrolières.
Des géants pétroliers comme ExxonMobil, Chevron et BP ont vu leurs cours boursiers et leurs profits baisser considérablement pendant cette période. ExxonMobil, par exemple, a enregistré une diminution de ses bénéfices en raison de la chute des prix du pétrole et de la réduction de la consommation énergétique mondiale. Chevron a également souffert de la baisse des prix du pétrole, bien qu’elle ait tenté de compenser ces pertes par une réduction des coûts et des investissements
Total (maintenant TotalEnergies) a, quant à elle, montré une résilience moindre par rapport à certains de ses concurrents. Bien que Total ait investi dans le gaz naturel, ces investissements n’ont pas été suffisants pour compenser la forte baisse des prix du pétrole et la diminution de la demande énergétique. En conséquence, Total a vu ses performances boursières affectées plus sévèrement que celles de certaines autres grandes compagnies pétrolières
Conclusion
En nous basant sur les leçons de la crise de 2008, il est clair que certains secteurs offrent une meilleure résistance en période de récession. La santé, les biens de consommation de base, le luxe, la technologie de l’information sont des domaines à surveiller pour ceux qui cherchent à protéger et même à faire croître leurs investissements lors de la prochaine récession en 2024.
Les investisseurs français qui ont choisi de concentrer leurs investissements exclusivement en France ont été particulièrement vulnérables lors de la crise de 2007-2009.